Modifications fiscales proposées par l'Ouganda : Remplacement de la taxe sur les services numériques de 5 % par une retenue à la source de 15

Introduction
L'Ouganda modifie sa politique en matière de fiscalité numérique dans le cadre d'amendements plus larges introduits dans le projet de loi d'amendement fiscal 2025, récemment déposé devant le Parlement. L'un des points forts de ces propositions est l'abrogation de la taxe sur les services numériques (DST) de 5 % introduite en 2023 et son remplacement par une retenue à la source finale de 15 % sur les revenus tirés par les non-résidents des services numériques fournis en Ouganda. Cette mesure marque un recalibrage de l'approche de l'Ouganda en matière d'imposition de l'économie numérique et s'aligne sur des principes fiscaux internationaux plus larges favorisant la simplicité et l'efficacité administrative.
Contexte : La DST en Ouganda
La DST a été introduite dans le cadre de l'Income Tax (Amendment) Act, 2023, ciblant les fournisseurs non-résidents de services numériques tels que les plateformes de médias sociaux, les services de streaming en ligne, les places de marché de commerce électronique et les réseaux publicitaires. Elle s'applique à un taux de 5 % sur le revenu brut et exige que les non-résidents s'enregistrent auprès de l'Uganda Revenue Authority (URA).
Toutefois, les problèmes de mise en œuvre, notamment les difficultés à faire respecter la loi, les ambiguïtés de définition et les risques de chevauchement avec la TVA, ont conduit à reconsidérer la conception de la taxe.
Changement proposé : Retenue à la source de 15 % sur les fournisseurs de services numériques non résidents
L'Income Tax (Amendment) Bill, 2025 propose d'abroger la DST de 5 % et d'imposer à la place une retenue à la source finale de 15 % sur les revenus tirés par les non-résidents des services numériques rendus en Ouganda. Les principales caractéristiques de la mesure proposée sont les suivantes
Champ d'application: S'applique aux services numériques fournis aux utilisateurs en Ouganda, quel que soit le lieu d'implantation du fournisseur de services.
Agent de retenue: L'obligation de retenue peut incomber aux payeurs résidents ou aux institutions financières qui facilitent les paiements.
Impôt définitif: L'impôt de 15 % est définitif, ce qui signifie qu'il satisfait à l'obligation fiscale du non-résident sur ce revenu en Ouganda.
Aucun établissement permanent n'est requis: L'impôt s'applique même si le non-résident n'a pas de présence physique ou économique significative en Ouganda.
La date d'entrée en vigueur de ce nouveau régime de retenue à la source est le 1er juillet 2025.
Justification du changement
Ce changement semble être motivé par plusieurs considérations :
Efficacité administrative: Il s'est avéré difficile de faire respecter la DST par les non-résidents. Un mécanisme de retenue à la source est plus facile à gérer par l'intermédiaire des payeurs locaux ou des banques.
Certitude fiscale: Une retenue à la source définitive réduit la complexité et élimine la nécessité pour les non-résidents d'effectuer des déclarations en continu.
Alignement international: L'approche de la retenue à la source reflète une évolution vers l'imposition à la source, conformément aux meilleures pratiques internationales dans l'attente d'un consensus mondial dans le cadre du premier pilier de l'OCDE.
Implications pour les entreprises
Exposition fiscale plus large: contrairement à la DST, qui s'appliquait à des services numériques spécifiques, la retenue à la source pourrait s'appliquer à une gamme plus large de services en ligne si elle n'est pas définie avec soin.
Augmentation de la charge fiscale: Le taux de 15 % est nettement plus élevé que l'ancien taux de 5 % de la DST, ce qui risque d'accroître les coûts des plateformes numériques.
Complexité opérationnelle: Les non-résidents devront surveiller de près les paiements en provenance de l'Ouganda et devront peut-être ajuster leurs prix ou leurs conditions contractuelles.
Les fournisseurs de services numériques non-résidentsqui traitent avec leurs associés. Dans ce cas, la retenue à la source générale de 15 % applicable aux paiements bruts de redevances ou de services "d'origine ougandaise" à une personne non résidente s'appliquera. La définition d'un associé en vertu de la législation sur l'impôt sur le revenu généralement appliquée pour déterminer une partie liée à des fins de prix de transfert sera appliquée dans le cadre de cette nouvelle mesure fiscale.
Interaction avec la TVA sur les services électroniques
L'Ouganda impose déjà une TVA de 18 % sur les services électroniques fournis par des non-résidents. Cette retenue à la source ajoute un autre niveau d'imposition indirecte, ce qui soulève des questions sur la double imposition potentielle et la charge fiscale globale sur les transactions numériques. L'URA devra peut-être préciser si la retenue à la source s'applique aux montants bruts ou nets de TVA, et comment elle interagit avec le cadre d'enregistrement des services numériques en matière de TVA.
Contexte régional et mondial
L'Ouganda rejoint une liste croissante de nations africaines qui ajustent leur approche de la fiscalité numérique. Le Kenya a récemment aboli la DST au profit de la SEP, tandis que la Tanzanie et le Zimbabwe ont maintenu des régimes de DST, d'autres, comme l'Afrique du Sud et l'île Maurice, s'appuient sur des cadres de TVA uniquement. Le passage de la DST à la retenue à la source suggère que l'Ouganda pourrait se positionner pour une transition plus douce vers les réformes fiscales mondiales menées par l'OCDE tout en protégeant ses droits fiscaux dans l'économie numérique.
Conclusion
La proposition de l'Ouganda d'abroger la taxe sur les services numériques (DST) et de la remplacer par une retenue à la source de 15 % sur les fournisseurs de services numériques non-résidents marque un tournant dans la stratégie de taxation numérique du pays. Cette nouvelle approche offre des possibilités d'efficacité administrative et d'amélioration de la collecte des recettes. Son efficacité dépendra de la clarté des lignes directrices de mise en œuvre et de l'intégration transparente avec les réglementations existantes en matière de TVA. Alors que l'économie numérique ougandaise continue de se développer, les décideurs politiques devront trouver un équilibre entre la génération de recettes et la nécessité d'encourager l'innovation, de maintenir l'accessibilité numérique et de s'aligner sur les normes fiscales internationales.

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