La décision de la Haute Cour du Kenya sur la TVA et la Gig Economy : Implications pour les plateformes numériques

Résumé
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L'économie numérique et gigogne du Kenya s'est développée rapidement au cours de la dernière décennie, sous l'impulsion de plateformes connectant les utilisateurs à des services de transport, de logistique, de livraison et de commerce électronique. Jusqu'à récemment, le traitement fiscal de ces modèles restait incertain, notamment en ce qui concerne la question de savoir si les plateformes se contentent de faciliter les transactions avec des tiers ou si elles agissent en tant que donneurs d'ordre fournissant des services imposables.
Un arrêt historique de la Haute Cour, rendu le 23 octobre 2025 à l'encontre de Sendy, une jeune entreprise de logistique qui s'est effondrée, vient d'apporter des éclaircissements essentiels. La Cour a conclu que Sendy n'était pas simplement une place de marché percevant des commissions, mais un prestataire de services de transport aux fins de la TVA. À ce titre, la TVA était due sur l'intégralité du paiement du client, et pas seulement sur la commission de facilitation de la plateforme.
Cette décision devrait remodeler le paysage fiscal numérique du Kenya, en influençant les modèles d'entreprise, les structures contractuelles, les contrôles de conformité et les relations entre les plateformes et les travailleurs.
Contexte du litige
Sendy avait précédemment obtenu une décision favorable du Tribunal d'appel fiscal (TAT), qui avait accepté l'argument selon lequel elle mettait simplement les clients en relation avec des transporteurs indépendants. Selon cette interprétation, la TVA ne s'appliquait qu'à l'élément "commission".
La Kenya Revenue Authority (KRA) a fait appel, arguant que le TAT n'avait pas apprécié la réalité commerciale du modèle d'exploitation de Sendy. La Haute Cour lui a donné raison, annulant la décision du TAT et autorisant la KRA à récupérer 82,2 millions KES (environ 635 000 USD) de TVA impayée. Le statut d'insolvabilité de Sendy n'éteint pas cette obligation, et tout actif restant peut faire l'objet d'une récupération.
Le contrôle de la plateforme comme critère déterminant en matière de TVA
Un thème central du jugement concerne le degré de contrôle exercé par la plateforme numérique. Le tribunal a identifié plusieurs facteurs démontrant que Sendy a agi au-delà du rôle de facilitateur :
Fixer les conditions contractuelles de la prestation
autoriser le début des services
Collecter les paiements en son nom propre
Gestion des communications avec les clients
Détermination des frais à payer
L'ensemble de ces éléments démontre une participation active à la fourniture de services de transport. La Cour a adopté une approche fondée sur la "réalité économique et commerciale", concluant que la plateforme, et non les conducteurs individuels, était le principal fournisseur. Cette approche reflète les réformes globales de la TVA qui mettent l'accent sur le contrôle et les flux de paiement plutôt que sur les labels contractuels.
Obligations de retenue de la TVA
En désignant les plateformes comme agents de retenue, l'arrêt élargit le champ d'application du régime de TVA du Kenya. Les agents chargés de la retenue sont tenus de
Déduire la TVA au moment du paiement,
Verser la taxe directement à la KRA,
de conserver la documentation et les pistes d'audit appropriées.
Ce changement déplace la conformité en amont, assurant la collecte de l'impôt au point le plus organisé de la chaîne de transaction - l'opérateur de la plateforme - plutôt qu'à des milliers de gig workers.
Implications pour les modèles économiques des plateformes
La décision est susceptible d'influencer d'autres plateformes opérant au Kenya, y compris les opérateurs de covoiturage, de messagerie et de commerce électronique.
Les principaux impacts sur les modèles d'entreprise sont les suivants
Ajustements de prix ; la TVA calculée sur la valeur totale de la fourniture peut augmenter les prix pour l'utilisateur final, à moins qu'elle ne soit absorbée par la plateforme.
Structures des commissions : les plateformes peuvent revoir la conception des commissions pour atténuer l'exposition à la TVA ou restructurer les chaînes contractuelles pour soutenir les modèles d'agence.
Flux de trésorerie et rapports : les obligations de retenue à la source entraînent des exigences supplémentaires en matière de rapports mensuels, de réconciliation et de tenue de registres.
Considérations sur la classification des travailleurs
Bien que l'arrêt ne considère pas les chauffeurs ou les coursiers comme des employés, plusieurs juridictions sont parvenues à cette conclusion sur la base d'indicateurs de contrôle similaires. Par exemple, la Cour suprême du Royaume-Uni a estimé que les chauffeurs d'Uber étaient des "travailleurs" ayant droit à des protections statutaires. La décision du Kenya n'atteint pas ce seuil, mais en reconnaissant le contrôle de la plateforme, elle renforce indirectement les futurs arguments de classification d'emploi.
Interaction avec les réformes législatives existantes
La loi de finances 2023 du Kenya a élargi la définition d'une "place de marché numérique" pour y inclure toute plateforme facilitant les fournitures taxables. L'arrêt Sendy renforce judiciairement cette orientation politique. Les réformes à venir, telles que les déductions liées à la rémunération ou les cotisations au Fonds d'assurance maladie sociale, pourraient s'étendre aux travailleurs itinérants si les législateurs interprètent le contrôle de la plateforme comme une base pour les obligations de déductions statutaires
Place de marché ou donneur d'ordre : une tendance mondiale
Au niveau international, les régulateurs transfèrent les charges de conformité aux plateformes :
L'UE considère les places de marché numériques comme des fournisseurs pour la TVA sur certaines transactions B2C.
Les orientations de l'OCDE recommandent de tirer parti des contrôles des plateformes pour améliorer l'efficacité de la collecte des impôts.
L'Australie et la Nouvelle-Zélande exigent que les plateformes déclarent leurs revenus dans un souci de transparence.
La décision du Kenya s'inscrit dans ce mouvement mondial.
Risques de conformité à surveiller
Les opérateurs de plateformes doivent évaluer les domaines suivants :
Contrôle transactionnel : un contrôle accru augmente la probabilité d'une classification principale.
Formulation contractuelle : les conditions applicables aux clients doivent clairement répartir les responsabilités.
Flux de paiement : les plateformes qui perçoivent des paiements peuvent être considérées comme fournissant directement des services.
Adéquation de la documentation ; une facturation ou un rapprochement inadéquats peuvent entraîner des pénalités, des intérêts et des audits.
Impact sur les travailleurs occasionnels
Le renforcement des positions fiscales des plateformes peut avoir une influence indirecte sur les travailleurs :
Réduction des revenus nets si les plateformes répercutent la TVA,
Obligations de déclaration accrues grâce à la formalisation et à la traçabilité,
Intégration potentielle dans les déductions statutaires formelles à l'avenir.
Bien que le revenu net puisse diminuer, la formalisation pourrait améliorer l'accès au crédit, la visibilité des pensions et la protection sociale.
Réactions du marché et restructuration potentielle
Pour atténuer l'exposition à la TVA, les plateformes peuvent envisager de
Passer à de véritables modèles d'agence où les flux de paiement contournent la plateforme.
Adopter des structures de frais hybrides.
Réaffecter les responsabilités en mettant à jour les conditions générales.
Améliorer l'automatisation des factures grâce à des outils numériques de mise en conformité.
Envisager une délocalisation ou une segmentation des services si les marges se resserrent.
Perspectives d'appel et de lobbying du secteur
Compte tenu de l'importance de la décision, il n'est pas exclu que d'autres appels soient interjetés. Les associations professionnelles pourraient faire pression pour
une définition légale claire de la responsabilité des plateformes et des règles relatives aux fournisseurs présumés
une simplification de la déclaration de TVA pour les transactions de concerts
des lignes directrices transitoires pour éviter les évaluations rétroactives.
Conclusion
L'arrêt de la Haute Cour marque un tournant pour l'économie des plateformes au Kenya. Traiter les plateformes comme des fournisseurs présumés lorsqu'elles exercent un contrôle sur les éléments de la transaction renforce la position de l'autorité fiscale et améliore la certitude des recettes.
Cette décision introduit de nouvelles charges de conformité pour les opérateurs de plateformes et peut avoir un impact sur les stratégies de tarification, les relations contractuelles et la classification de la main-d'œuvre. Au fur et à mesure que l'économie de plateforme évolue, les cadres juridiques et fiscaux du Kenya continueront d'être mis à l'épreuve par les innovations dans le domaine de la prestation de services numériques. La décision indique également que les tribunaux, tout comme les décideurs politiques, attendent de plus en plus des intermédiaires numériques qu'ils assument des responsabilités accrues en matière de conformité, ce qui remodèle la dynamique fiscale dans l'ensemble de l'économie de l'engagement.
Sources: Business Daily Africa, Kenya Law
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