La Haute Cour du Kenya clarifie l'exonération de TVA pour les Fintechs

Vue d'ensemble
La Haute Cour du Kenya a annulé une décision du Tax Appeals Tribunal et confirmé que les commissions de Pesapal Limited provenant du traitement des paiements sont exonérées de la TVA en vertu de la loi sur la TVA. Cette décision clarifie le traitement des services fintech et a des implications sur la façon dont les marchés émergents classent les plateformes numériques qui gèrent des fonds pour le compte de tiers.
Le litige en bref
L'administration fiscale kényane a fait valoir que Pesapal ne remplissait pas les conditions requises pour bénéficier de l'exonération de la TVA, car elle ne fournit pas elle-même de services financiers, mais exploite simplement une plateforme technologique facilitant les paiements entre les clients et les commerçants. Du point de vue de l'Autorité, les exonérations de TVA ne devraient s'appliquer qu'aux institutions formellement reconnues comme fournisseurs de services financiers en vertu des lois bancaires et financières du Kenya, et non aux intermédiaires technologiques. La KRA avait réclamé à Pesapal 110,7 millions de KSh (environ 758 000 USD), comprenant la TVA, les pénalités et les intérêts.
Décision du tribunal : En 2023, le Tax Appeals Tribunal a donné raison à la KRA, estimant que Pesapal était une "plateforme technologique" plutôt qu'un fournisseur de services financiers.
Argument de Pesapal : En tant que prestataire de services de paiement agréé en vertu de la loi sur le système national de paiement, ses activités d'émission, de transfert, de réception et de traitement de l'argent s'alignent sur les services financiers exonérés de TVA en vertu des paragraphes 1(b) et 1(m) de la première annexe de la loi sur la TVA. L'entreprise a fait valoir que ses activités principales, qui comprennent la réception, le transfert et le stockage d'argent pour le compte de commerçants, sont parfaitement couvertes par l'exonération de la loi sur la TVA pour les services financiers, même lorsqu'ils sont fournis par l'intermédiaire de plateformes numériques.
La conclusion de la Haute Cour : La juge Rhoda Rutto a estimé que la loi sur la TVA définit les exonérations en fonction de la nature de l'activité, et non de la classification du prestataire. La livraison numérique ne prive pas les services financiers de leur statut d'exonération.
"La loi sur la TVA ne restreint pas le droit à l'exonération en fonction de la technologie utilisée et ne lie pas l'exonération à l'enregistrement en vertu de la loi sur les banques. Les activités de l'appelant (Pesapal), qui consistent à faciliter les paiements des commerçants, à traiter les fonds des clients, à stocker les soldes et à exécuter les instructions de paiement, sont fonctionnellement équivalentes et reflètent celles des institutions financières, bien que dans un environnement numérique", a déclaré le juge Rutto.
L'importance de cette question au-delà du Kenya
L'importance de la fintech au niveau mondial : De nombreuses juridictions telles que l'UE, l'Afrique du Sud et l'Inde sont confrontées à des questions similaires, à savoir si les fintechs qui exécutent des fonctions "similaires à celles d'une banque" de manière numérique devraient bénéficier d'exonérations de TVA sur les services financiers. L'arrêt du Kenya renforce l'argument selon lequel l'exonération s'applique indépendamment de la forme technologique.
Principe d'interprétation juridique : la décision de la Cour réaffirme le principe fiscal international selon lequel toute ambiguïté dans les lois sur la TVA doit être résolue en faveur du contribuable. Ce principe fait écho aux approches de la Cour de justice de l'UE (par exemple, la jurisprudence de la CJUE concernant la Bank of Scotland ).
Indicateur de changement de politique : La décision positionne le Kenya dans des débats internationaux plus larges sur la question de savoir si les cadres de TVA existants sont adaptés aux modèles d'affaires axés sur les fintechs. Il met en évidence la tension entre les besoins fiscaux des gouvernements et la pression de l'économie numérique pour des services financiers abordables et évolutifs.
Implications pratiques
Pour les fournisseurs de fintech, la décision offre une clarté indispensable : les commissions perçues pour le traitement de l'argent au nom des commerçants sont exonérées de TVA. Ce précédent pourrait également être cité par des fintechs similaires dans d'autres marchés émergents confrontés à des litiges sur l'assujettissement de leurs services à la TVA.
Pour les commerçants et les consommateurs, cette décision réduit les coûts. Si la Cour avait statué autrement, la TVA aurait augmenté les frais de transaction, décourageant l'adoption du numérique et augmentant le coût des paiements numériques.
Pour les autorités fiscales du monde entier, cette affaire souligne l'importance de légiférer clairement sur les exclusions si elles ont l'intention de taxer les services fintech. Les ambiguïtés des dispositions relatives à la TVA sont susceptibles d'être interprétées par les tribunaux en faveur des contribuables.
Positions comparatives des juridictions sur les exonérations de TVA relatives aux fintechs
Dans l'Union européenne, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a confirmé à plusieurs reprises, dans des affaires telles que Hedqvist et DPAS, que les exonérations de TVA s'appliquent aux services impliquant le transfert d'argent, même lorsqu'ils sont effectués par voie électronique. Toutefois, ces exonérations sont interprétées de manière stricte, ce qui signifie que des services auxiliaires tels que l'assistance informatique ou la gestion de données peuvent rester imposables.
En Afrique du Sud, la loi sur la TVA exonère les services financiers de base tels que l'émission ou le transfert d'argent. Cependant, lorsque les fournisseurs de fintech facturent des frais pour des services tels que la facilitation des paiements, ces commissions sont généralement soumises à un taux normal, à moins qu'elles ne soient considérées comme faisant partie intégrante de la transaction financière elle-même.
En Inde, le cadre de la taxe sur les produits et services (TPS) exonère les services bancaires de base et les services de transfert d'argent, mais les frais prélevés par les passerelles de paiement sont généralement taxables. Les tribunaux indiens sont de plus en plus chargés de déterminer si les fintechs opèrent comme de véritables intermédiaires financiers ou simplement comme des fournisseurs de services technologiques.
À retenir au niveau mondial
Cette tendance souligne la nécessité d'adopter des législations plus claires qui établissent une distinction entre l'intermédiation financière et la fourniture de technologies. L'affaire kenyane vient s'ajouter à ce débat en pleine évolution, en montrant que les tribunaux peuvent être disposés à élargir les exemptions lorsque la substance du service est financière, même si la prestation est numérique.
Principaux enseignements en matière de conformité
La substance plutôt que la forme : Lors de l'évaluation de l'assujettissement à la TVA, il convient de se concentrer sur la fonction du service. S'il implique le transfert, la réception ou le traitement d'argent, l'exonération peut s'appliquer.
Les preuves sont importantes : Les relevés bancaires et les preuves d'accords de commission renforcent les demandes d'exonération.
Restez attentif aux réformes : Les multinationales opérant en Afrique devraient anticiper une évolution vers des règles de TVA plus strictes pour la fintech.
Aperçu comparatif : La décision du Kenya s'aligne sur la jurisprudence de l'UE mais diverge des approches plus strictes de l'Inde et de l'Afrique du Sud, ce qui montre à quel point cette question n'est pas encore réglée au niveau mondial.
Conclusion
La décision affirme que les processeurs de paiement numérique peuvent bénéficier de l'exonération de la TVA, supprimant ainsi une charge fiscale potentielle qui aurait pu augmenter les coûts pour les commerçants et les consommateurs. Il limite également la possibilité pour l'administration fiscale de reclasser les fintechs en tant que simples opérateurs technologiques, indiquant que toute expansion de la collecte de la TVA dans l'espace des paiements numériques nécessitera une modification explicite de la législation. Cette décision n'est pas seulement une victoire nationale pour Pesapal, elle fait partie d'une conversation internationale plus large sur la façon dont les systèmes fiscaux classent les fintechs.
Sources : Kenya Law, Kenya Wall Street

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