Le changement de fiscalité du plastique en Europe : Pourquoi la taxe italienne sur le plastique commence en 2027

Résumé
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La transition de l'Europe vers une économie circulaire et économe en ressources a placé les plastiques au centre de l'innovation législative et fiscale. Autrefois célébrées pour leur polyvalence et leurs faibles coûts de production, les matières plastiques sont devenues le symbole de modèles de consommation linéaires que l'Union européenne cherche activement à dépasser. L'action réglementaire seule s'est toutefois révélée insuffisante pour contrer l'augmentation des volumes de déchets plastiques, en particulier dans le domaine des produits à usage unique. C'est pourquoi les instruments fiscaux sont de plus en plus utilisés pour compléter les restrictions réglementaires, en façonnant les comportements par des incitations économiques ciblées.
Dans ce cadre évolutif, deux mécanismes parallèles mais fondamentalement différents structurent aujourd'hui l'approche de l'Europe en matière de déchets plastiques : la taxe européenne sur les plastiques, introduite en 2021 dans le cadre du système des ressources propres de l'Union, et les taxes nationales sur les plastiques, conçues et mises en œuvre (ou, comme dans le cas de l'Italie, reportées à plusieurs reprises) au niveau des États membres. Bien qu'ils aient en commun une logique environnementale, les deux instruments divergent considérablement dans leur logique, leur portée et leur impact économique. La taxe européenne fonctionne à un niveau macroéconomique, liant la contribution de chaque État membre au budget de l'UE à ses performances en matière de recyclage des déchets d'emballages plastiques. Les taxes nationales sur le plastique, en revanche, ciblent directement les produits et les opérateurs, traduisant les objectifs environnementaux en signaux de marché.
L'Italie s'inscrit dans ce paysage d'une manière particulière. Le pays a légiféré sur sa taxe nationale sur les plastiques en 2019, s'alignant ainsi sur les objectifs de la directive européenne sur les plastiques à usage unique, mais a reporté son entrée en vigueur à plusieurs reprises. Le report le plus récent reporte la mise en œuvre au 1er janvier 2027, soulignant la tension permanente entre l'ambition environnementale, les considérations économiques et la préparation administrative. En conséquence, l'Italie reste l'une des plus grandes économies de l'UE sans taxe sur les plastiques opérationnelle, alors même que la taxe européenne continue de façonner ses obligations fiscales au niveau européen.
Cet article examine comment ces deux instruments (la taxe européenne au niveau macro et la taxe italienne au niveau micro) coexistent dans le cadre de la stratégie plus large de l'économie circulaire, ce qui distingue leur conception, et ce que l'horizon de mise en œuvre de 2027 de l'Italie signifie pour l'industrie, les décideurs politiques et l'avenir de la fiscalité environnementale.
La stratégie européenne pour les plastiques : Définir le cadre de l'action fiscale
Pour comprendre pourquoi les gouvernements nationaux et l'UE se sont tournés vers la fiscalité, il est important de considérer le changement stratégique qui a commencé avec la stratégie européenne sur les plastiques dans une économie circulaire. Cette stratégie historique a identifié les déchets plastiques, en particulier les plastiques à usage unique, comme l'un des problèmes environnementaux les plus urgents. Elle a attiré l'attention sur les faibles taux de recyclage, les niveaux élevés de pollution marine et la nécessité de repenser la production, l'utilisation et la récupération des plastiques.
La stratégie a été suivie par la directive sur les plastiques à usage unique (directive 2019/904), qui a introduit des restrictions sur certains articles, fixé des objectifs obligatoires de réduction de la consommation et imposé des obligations de conception aux producteurs. Ces instruments réglementaires partagent un objectif clair : réduire l'impact environnemental des produits en plastique les plus problématiques et encourager l'innovation dans des alternatives durables. La taxe italienne sur les plastiques est issue de cet écosystème réglementaire et reflète une tentative de compléter les interdictions et les règles de conception par un signal de prix qui décourage l'utilisation de plastiques à usage unique.
Dans le même temps, l'UE a entrepris une réforme de son système de ressources propres, qui aboutira à l'introduction de la taxe européenne sur les plastiques en 2021. Bien que cette taxe soit motivée par des considérations environnementales, il s'agit essentiellement d'une mesure fiscale : les États membres doivent contribuer en fonction du poids de leurs déchets d'emballages plastiques non recyclés. Les systèmes nationaux sont ainsi incités à améliorer la gestion des déchets plastiques, car de mauvais résultats en matière de recyclage entraîneront pour la première fois une augmentation directe de la contribution d'un État au budget de l'UE.
La taxe italienne sur les matières plastiques : Structure, champ d'application et calendrier récemment mis à jour
Introduite par la loi n° 160/2019 (loi budgétaire 2020), la taxe nationale italienne sur le plastique fait partie de la stratégie du gouvernement visant à réduire les plastiques à usage unique. Bien qu'approuvée en 2019, la taxe n'est jamais entrée en vigueur. Au cours des dernières années, les pressions économiques, les réactions de l'industrie, les préoccupations administratives et l'incertitude générale dans la chaîne d'approvisionnement des emballages ont à plusieurs reprises incité le gouvernement à reporter sa mise en œuvre.
Le dernier report en date, confirmé à la fin de l'année 2025, avance la date d'entrée en vigueur au 1er janvier 2027. Ce nouveau calendrier remplace la date précédemment prévue du 1er juillet 2026, reflétant l'intention du gouvernement d'accorder plus de temps pour la préparation administrative et l'ajustement économique. Néanmoins, les reports répétés jettent le doute sur le fait que l'échéance de 2027 sera définitive ou que de nouvelles circonstances politiques ou économiques pourraient entraîner d'autres retards.
La structure de base de la taxe reste inchangée. Elle s'applique aux MACSI ("manufatti con singolo impiego", c'est-à-dire aux produits manufacturés conçus pour un usage unique) qui sont des articles fabriqués, même partiellement, en matières plastiques composées de polymères organiques synthétiques et qui ne sont pas destinés à être réutilisés de manière répétée pour le même usage. Par conséquent, le champ d'application n'est pas lié à toutes les matières plastiques, mais spécifiquement à celles qui sont fonctionnellement jetables. Des articles tels que les bouteilles, les films d'emballage et les conteneurs, ainsi que de nombreux autres produits en plastique à courte durée de vie, entrent dans cette définition, à condition qu'il s'agisse de produits finis destinés à la consommation.
La taxe est calculée au taux de 0,45 EUR par kilogramme de matière plastique contenue dans le produit MACSI. Ce mécanisme basé sur le poids nécessite la détermination précise du contenu en plastique de chaque article mis sur le marché, ce qui constitue l'un des aspects les plus exigeants sur le plan technique.
La loi détermine l'assujettissement à l'impôt en fonction de l'origine et de la circulation des marchandises. Les fabricants nationaux sont responsables de la production en Italie, tandis que les acheteurs exerçant une activité économique sont responsables des acquisitions en provenance d'autres États membres de l'UE. Les fournisseurs sont responsables des ventes aux consommateurs privés, tandis que les importateurs sont responsables des biens provenant de pays non membres de l'UE. Les acheteurs qui commandent la production de MACSI dans des installations italiennes sont également considérés comme des assujettis.
Bien que le cadre réglementaire fiscal prévoie des sanctions en cas de retard de déclaration, de paiement ou de non-paiement, aucune de ces dispositions ne peut être appliquée tant que la taxe n'est pas officiellement entrée en vigueur. La longue série de reports a donc créé une situation unique dans laquelle une taxe entièrement rédigée reste gelée dans un suspens législatif, dans l'attente d'un consensus politique et d'une préparation administrative.
La taxe européenne sur les plastiques : un mécanisme fiscal qui façonne les comportements nationaux
Contrairement à la taxe italienne sur le plastique, la taxe européenne sur le plastique ne vise pas directement les entreprises ou les consommateurs. Il s'agit plutôt d'une contribution que chaque État membre doit verser au budget de l'UE en fonction du poids des déchets d'emballages plastiques non recyclés produits chaque année. À 0,80 euro par kilogramme, le taux est plus élevé que le taux national italien, mais les deux mesures ne sont pas comparables car elles s'appliquent à des matériaux différents et opèrent à des niveaux différents au sein de l'économie.
La taxe européenne fonctionne comme une incitation au niveau macroéconomique. Un État qui améliore ses performances en matière de recyclage réduira sa contribution, tandis que celui qui ne le fait pas paiera davantage. Les États membres peuvent alors décider de financer cette contribution par des recettes fiscales générales ou d'introduire des mesures nationales ciblant la consommation de plastique ou la production de déchets. La redevance a indirectement encouragé des pays comme l'Espagne à introduire une taxe nationale sur les plastiques, justifiant ainsi budgétairement la taxe italienne malgré les retards répétés de sa mise en œuvre.
La taxe reflète la stratégie plus large de l'UE qui consiste à utiliser des outils fiscaux pour aligner les incitations économiques sur les performances environnementales, et pas seulement pour financer le budget. En ce sens, elle complète, plutôt qu'elle ne remplace, les taxes nationales telles que la taxe italienne MACSI, les deux instruments fonctionnant indépendamment l'un de l'autre.
La taxe italienne sur le plastique et la taxe européenne sur le plastique : deux instruments, deux logiques
Bien qu'elles soient toutes deux axées sur l'environnement, la taxe italienne sur les matières plastiques et la taxe européenne sur les matières plastiques sont des instruments fondamentalement différents qui poursuivent des objectifs différents. La taxe italienne cible des produits spécifiques, à savoir les articles en plastique à usage unique, et vise à influencer le comportement du marché en augmentant le coût de ces produits. La taxe est prélevée sur la teneur en plastique du produit et les assujettis sont les opérateurs économiques.
En revanche, la taxe européenne vise les États membres et est calculée en fonction des performances de recyclage. Son objectif n'est pas de modifier directement les décisions individuelles de consommation ou de production, mais plutôt d'encourager les gouvernements à revoir leurs systèmes de gestion des déchets. La taxe italienne est donc microéconomique et vise à influencer les décisions des entreprises, tandis que la taxe européenne est macroéconomique et influence les décisions politiques au niveau des États.
Lorsque la taxe italienne entrera en vigueur, les deux instruments coexisteront, mais ils exerceront des pressions différentes. La taxe européenne encouragera l'Italie à apporter des améliorations systémiques à son infrastructure de recyclage, tandis que la taxe nationale constituera une incitation basée sur le marché pour réduire la consommation de plastique à usage unique si elle est appliquée comme prévu.
Implications de la nouvelle date de 2027 pour l'Italie
Le report de la taxe italienne sur les plastiques au 1er janvier 2027 a plusieurs conséquences. Si le report offre aux entreprises un allègement temporaire des charges liées à la mise en conformité, il prolonge également l'incertitude. Les entreprises qui avaient prévu de revoir la conception de leurs produits, de mettre à jour leur documentation ou d'investir dans de nouveaux matériaux disposent désormais d'une année supplémentaire pour planifier leurs activités, mais ne savent toujours pas si la taxe sera à nouveau reportée.
Pour les décideurs politiques, cette nouvelle date laisse plus de temps pour affiner le processus de mise en œuvre et aligner la taxe sur les réglementations européennes en matière de déchets et d'emballages, qui sont en constante évolution. Toutefois, des retards répétés risquent de saper la crédibilité de la taxe et d'affaiblir son impact sur l'environnement.
Au niveau européen, le report de l'Italie met en évidence le manque de cohérence dans la mise en œuvre des taxes nationales sur le plastique sur l'ensemble du continent. Alors que la taxe européenne reste pleinement en vigueur, les États membres diffèrent grandement dans la manière dont ils choisissent de la compléter par des mesures nationales. Une fois opérationnelle, la taxe italienne placera le pays parmi ceux qui adoptent une approche fiscale à plusieurs niveaux pour réduire les déchets plastiques. Toutefois, d'ici là, l'Italie restera l'une des principales économies sans taxe nationale active sur les plastiques, tandis que les pays voisins continuent de progresser.
Conclusion
L'évolution des instruments de taxation du plastique en Europe met en évidence la dépendance croissante à l'égard des mesures fiscales pour promouvoir les objectifs environnementaux. La taxe européenne sur les plastiques fonctionne au niveau de la responsabilité des États membres, en liant les performances de recyclage aux contributions financières. En revanche, la taxe italienne sur le plastique est conçue pour influencer le comportement des entreprises du secteur privé en taxant les produits en plastique à usage unique. Bien que ces instruments aient des objectifs complémentaires, ils diffèrent en termes de structure, de portée et de public cible.
À la suite du dernier report, la taxe italienne ne devrait pas être introduite avant le 1er janvier 2027, ce qui place le pays à la croisée des chemins. Le pays dispose du cadre législatif, de la logique environnementale et des modèles comparatifs de l'Espagne et du Royaume-Uni. Reste à savoir si les conditions politiques et administratives permettront enfin à la taxe d'entrer en vigueur, ou si la taxe italienne sur le plastique restera davantage une intention législative qu'une réalité opérationnelle.
Dans tous les cas, la direction prise par l'Europe est claire : les leviers fiscaux resteront au cœur de la transition vers l'abandon des plastiques à usage unique. Qu'ils soient mis en œuvre au niveau national ou imposés au niveau de l'UE, ces mécanismes reflètent un nouveau paradigme dans lequel la durabilité environnementale et la politique fiscale sont de plus en plus inséparables.
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