Fiscalité de l'économie numérique : TVA/TPS sur les services numériques vs. DST expliquée

L'expansion rapide de l'économie numérique, encore accélérée par la pandémie de COVID-19, a transformé le commerce mondial et permis aux entreprises d'atteindre des consommateurs dans des pays où elles n'étaient pas présentes physiquement. Cela a représenté une opportunité considérable pour les entreprises et une commodité pour les consommateurs. Cependant, elle a également représenté un défi majeur pour les autorités fiscales, car les modèles traditionnels de conformité fiscale ne permettaient pas d'appréhender les revenus des transactions liées aux services numériques.
Deux mécanismes principaux sont apparus pour répondre à ce défi : La TVA/TPS sur les services numériques et la taxe sur les services numériques (TSN). Bien qu'ils ciblent tous deux les entreprises numériques, ils diffèrent fondamentalement en termes de structure, de règles d'application et d'impact économique sur les entreprises.
TVA/TPS sur les services numériques : Une taxe basée sur la consommation
La TVA/TPS sur les services numériques pourrait être considérée comme une extension de l'application traditionnelle de la TVA/TPS, spécialement conçue pour garantir que les entreprises numériques paient la TVA/TPS due dans les pays où la consommation a lieu. L'objectif premier de la TVA/TPS sur les services numériques est d'obliger les fournisseurs de services numériques étrangers, non-résidents ou d'outre-mer à facturer, collecter et reverser la TVA/TPS dans le pays où le consommateur est établi.
Par conséquent, la TVA/TPS sur les services numériques vise à définir les mêmes règles de TVA/TPS pour les entreprises numériques nationales et étrangères. Cette politique protège les entreprises nationales de la concurrence déloyale des entreprises étrangères et permet d'augmenter les recettes du budget de l'État.
Cependant, les exigences en matière d'enregistrement, de dépôt, de paiement et les taux de TVA/TPS applicables varient d'un pays à l'autre. Par exemple, des pays comme le Royaume-Uni, le Mexique et la Corée du Sud n'ont pas de seuil d'enregistrement de la TVA/TPS pour les fournisseurs étrangers de services numériques. Cela signifie que, selon le pays, les fournisseurs étrangers de services numériques doivent s'enregistrer pour la TVA/TPS soit avant la première livraison, soit dans un délai précis après la première livraison.
D'autres pays ont défini un seuil d'enregistrement à la TVA/TPS, ce qui signifie que les fournisseurs étrangers de services numériques ne doivent s'enregistrer que lorsqu'ils dépassent ce seuil. Par exemple, en Australie, le seuil d'enregistrement de la TPS est de 75 000 AUD ; au Japon, le seuil de la taxe à la consommation est de 10 millions JPY (environ 65 000 USD) ; et en Norvège, le seuil d'enregistrement de la TVA est de 50 000 NOK (environ 4 500 USD).
En outre, les pays définissent différentes exigences en matière de dépôt des déclarations de TVA/TPS : mensuelles, bimestrielles, trimestrielles, semestrielles et annuelles. La fréquence des paiements est directement liée à la fréquence des déclarations.
Les taux de TVA/TPS applicables diffèrent également d'un pays à l'autre, ce qui ajoute à la complexité des exigences de conformité et de déclaration en matière de TVA/TPS auxquelles doivent se conformer les entreprises numériques opérant dans plusieurs pays.
Enfin, toutes les transactions ne sont pas soumises à la TVA dans tous les pays. Dans la plupart des pays, seules les transactions entre entreprises et consommateurs (B2C) entrent dans le champ d'application de la TVA sur les services numériques. Toutefois, dans des pays comme l'Afrique du Sud et l'Indonésie, les transactions B2C et B2B sont toutes deux soumises à la TVA.
Taxe sur les services numériques : Une taxe basée sur les recettes
Contrairement à la TVA et à la TPS, qui sont des taxes à la consommation, la taxe sur les services numériques (TSN) est une taxe basée sur les recettes qui s'applique directement aux grandes entreprises numériques multinationales. La DST est conçue pour soumettre les plus grandes entreprises numériques multinationales qui ne paient pas d'impôt sur les sociétés dans les pays où elles n'ont pas de présence physique, à des taxes sur les revenus qu'elles génèrent dans ces pays.
La DST n'est pas une taxe sur les ventes en ligne, ni un impôt sur les bénéfices, ni une taxe indirecte ou un impôt sur la consommation comme la TVA ou la TPS. La DST est un pourcentage des revenus bruts générés par des activités numériques spécifiques, telles que la publicité en ligne, l'intermédiation sur les places de marché et la monétisation des données. Par conséquent, contrairement à l'impôt sur le revenu des sociétés, qui tient compte de la rentabilité, la DST est imposée indépendamment du fait qu'une entreprise réalise ou non des bénéfices.
Pour être assujettie à la DST, une entreprise numérique doit généralement remplir deux conditions basées sur les revenus. La première est que les recettes globales provenant des services numériques doivent être supérieures à 750 millions d'euros. La seconde est une condition ou un seuil de revenu local ou national.
Par exemple, au Canada, le seuil de revenu global est de 750 millions de dollars canadiens et le seuil de revenu national est de 20 millions de dollars canadiens. Au Royaume-Uni, le seuil de recettes globales brutes est de 500 millions de livres sterling, dont au moins 25 millions doivent provenir d'utilisateurs britanniques. Un autre exemple est celui de la France, où le seuil de revenu global est de 750 millions d'euros et le seuil de revenu national de 25 millions d'euros.
Une fois que les entreprises satisfont à toutes les exigences, elles s'inscrivent à la DST, soumettent les rapports requis et paient une taxe sur le pourcentage spécifié des recettes nationales. Les taux applicables sont de 3 % au Canada, 5 % en France et 2 % au Royaume-Uni.
Tendances actuelles et avenir de la fiscalité numérique
À l'heure actuelle, beaucoup moins de pays ont mis en œuvre la DST que la TVA/TPS sur les services numériques. Toutefois, le nombre de pays appliquant les deux taxes est en augmentation, et il est juste de dire que cette tendance va se poursuivre.
Les Philippines ont adopté et annoncé leur législation nationale mettant en œuvre la TVA sur les services numériques. Le Rwanda et le Botswana, deux pays africains, ont également déclaré publiquement qu'ils avaient l'intention de mettre en œuvre des règles de TVA similaires pour les entreprises numériques étrangères. Enfin, l'Union européenne progresse dans ce domaine, notamment grâce au paquet de réformes sur la TVA à l'ère numérique qui vient d'être adopté.
La situation concernant la DST n'est pas claire. Des travaux, une coordination et des accords supplémentaires sont nécessaires au niveau mondial. Alors que l'OCDE continue d'œuvrer en faveur d'une solution mondiale avec les propositions des premier et deuxième piliers, de nombreux pays ont déjà pris de nouvelles mesures pour ajuster et modifier les exigences en matière de DST.
Ainsi, l'Italie a supprimé le seuil national de 5,5 millions d'euros pour la DST, ne laissant que le seuil de 750 millions d'euros de recettes globales pour rendre la plus grande entreprise numérique redevable de l'impôt. Avec la suppression du seuil national, même les entreprises ayant une petite activité numérique en Italie doivent payer la DST sur tous les revenus qu'elles génèrent à partir de leurs services dans ce pays.
La France a également modifié les règles relatives à la DST et a porté le taux applicable de 3 à 5 %. La Belgique a annoncé qu'elle mettrait en œuvre une TVD de 3 % si aucun accord n'est conclu au niveau européen ou international d'ici 2027. La Nouvelle-Zélande a adopté la DST de 3 %, mais ne l'a pas entièrement mise en œuvre en raison des objections et des mesures de rétorsion potentielles des États-Unis, l'un des plus fervents opposants à l'introduction de la DST. Ces objections s'expliquent par le fait que la plupart des grandes entreprises américaines seraient soumises à la DST.
Toutefois, la loi sur la DST de 2023 permet au gouvernement néo-zélandais de reporter sa mise en œuvre jusqu'en janvier 2030, ce qui implique que cette taxe finira par être mise en œuvre.
Conclusion
Pour simplifier, la TVA/TPS sur les services numériques est un impôt indirect que les consommateurs paient en fin de compte sur les services qui leur sont fournis par les prestataires de services numériques. Toutefois, les fournisseurs sont responsables de la facturation, de la collecte et du versement de la TVA/TPS conformément aux règles et exigences propres à chaque pays.
En revanche, la DST cible directement les revenus des grandes entreprises numériques multinationales afin de remédier aux problèmes d'évasion fiscale. Les taxes coexistent et créent des défis pour les entreprises numériques opérant sur plusieurs marchés.
Néanmoins, l'élaboration de ces politiques fiscales jouera un rôle crucial dans la définition de l'avenir de l'économie numérique mondiale et pourrait remettre en question les modèles commerciaux actuels des géants de la technologie.
Source: VATabout - Understanding Latin America's VAT Rules for Digital Service Providers (Comprendre les règles de TVA en Amérique latine pour les fournisseurs de services numériques), VATabout - UE - Concept et règles d'assujettissement à la TVA pour les services numériques et les services fournis par voie électronique (ESS), VATabout - La loi canadienne sur la taxe sur les services numériques expliquée : Champ d'application, impact et conformité, PwC, KPMG

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