L'influence de la CJCE sur les législations nationales en matière de TVA : Analyse de l'affaire C-171/23

La Cour de justice de l'Union européenne, souvent appelée Cour de justice des Communautés européennes (CJCE), joue un rôle essentiel en veillant à ce que les États membres de l'UE respectent les règles prévues par les traités de l'UE.
En tant que principal organe juridique chargé d'interpréter le droit de l'Union européenne, cette institution de l'UE a pour mission de fournir une interprétation et des éclaircissements sur le droit de l'UE à la demande des cours et tribunaux nationaux.
Cet article se concentre sur l'incidence de l'arrêt de la CJCE sur les législations nationales en matière de TVA en expliquant les points d'intersection entre le droit communautaire et les législations nationales des États membres de l'UE, ainsi que la procédure suivie par la Cour pour rendre sa décision.
Interaction entre le droit de l'UE et le droit national des États membres
Le cadre réglementaire de l'UE repose sur plusieurs traités fondateurs, dont le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), qui fixe les règles générales du système fiscal de l'UE.
En ce qui concerne les règles et réglementations relatives à la TVA, la directive 2006/112/CE du Conseil, également connue sous le nom de "directive TVA", joue un rôle central dans l'établissement de règles de TVA harmonisées à l'échelle de l'UE. Elle définit les concepts et principes de base que les États membres de l'UE doivent intégrer dans leur cadre national de TVA.
Bien que les États membres de l'UE puissent adapter certains aspects de la directive à leurs besoins et politiques spécifiques, la directive fixe des normes minimales à respecter. Par exemple, si les États membres de l'UE peuvent définir librement les taux de TVA applicables et les exonérations, le système de TVA de chaque État doit s'aligner sur les principes de l'UE afin d'éviter les barrières commerciales.
Dans ces situations, lorsque les pays de l'UE ont l'autonomie d'interpréter la législation européenne en matière de TVA, cela peut conduire à des litiges que la CJCE doit régler. Sa mission étant de veiller à ce que les réglementations nationales et européennes soient compatibles et de préserver la cohésion de l'Union, les arrêts de la CJCE visent à appliquer les lois sur la TVA de manière cohérente.
Procédure de la CJCE pour les affaires fiscales et de TVA
Plusieurs types de procédures devant la CJCE peuvent être divisés en deux groupes. La première est la procédure préjudicielle, qui permet aux tribunaux nationaux des États membres de l'UE de demander à la CJCE d'interpréter les lois européennes sur la TVA lorsqu'ils sont incertains ou incapables de le faire de manière indépendante. Cette procédure garantit l'application correcte des règles de l'UE en matière de TVA et contribue à régler les litiges.
Le deuxième groupe est celui des actions directes et des recours, qui comprend plusieurs types de procédures, telles que l'application de la loi, qui peut être engagée par la Commission européenne ou un autre État membre de l'UE contre un gouvernement qui ne respecte pas la législation de l'UE, ou l'annulation d'actes juridiques de l'UE, qui peut être engagée par le Conseil de l'UE, la Commission européenne ou le Parlement européen lorsqu'un acte de l'UE s'oppose aux traités de l'UE.
D'autres procédures de ce groupe garantissent que les institutions de l'UE prennent les mesures nécessaires ou sanctionnent les institutions de l'UE lorsque leurs actions ou celles de leur personnel portent préjudice à des personnes ou à des entreprises.
Pour mieux comprendre le fonctionnement de ces procédures, cet article se concentre sur la procédure de renvoi préjudiciel.
La procédure préjudicielle et la TVA
Les juridictions nationales doivent soumettre les questions relatives à la TVA à la CJCE, qui peut décider de statuer sur l'affaire ou de la transmettre au Tribunal. Cette phase est appelée phase écrite, au cours de laquelle toutes les parties concernées soumettent leurs déclarations écrites à la CJCE.
Une fois que toutes les déclarations ont été soumises, le juge rapporteur résume les documents écrits reçus et l'affaire est examinée lors de la réunion générale de la Cour. En fonction de la complexité de l'affaire, la décision sur le nombre de juges qui la traiteront est prise lors de cette réunion. La décision de tenir ou non une audience publique et de demander un avis officiel à l'avocat général (AD) est également prise lors de l'assemblée générale de la Cour.
En cas d'audience publique, les avocats des deux parties présentent leur affaire aux juges et à l'avocat général, qui peuvent leur poser des questions sur les points pertinents de leur présentation. Lorsque l'avis de l'AD est requis, l'AD dispose généralement de quelques semaines pour le rédiger et le soumettre à la Cour.
Après avoir franchi toutes ces étapes, les juges examinent les faits, les déclarations et les documents fournis et prennent une décision.
Comment cela fonctionne-t-il en pratique ?
La procédure préjudicielle en pratique
Pour mieux comprendre le fonctionnement de cette procédure, nous nous référerons à un article récemment publié sur le litige entre une entreprise basée en Croatie (l'entreprise) et le ministère croate des finances. L'administration fiscale croate, qui fait partie du ministère des finances, a demandé à la société de payer environ 18 000 euros au titre de la TVA due et des intérêts de retard d'environ 320 euros.
L'administration fiscale croate a en effet déterminé que la société avait été créée pour bénéficier du régime d'exonération de la TVA applicable à une autre société, c'est-à-dire à des fins de fraude à la TVA.
Comme la société ne considérait pas qu'elle violait une loi, elle a fait appel de cette décision devant le tribunal administratif. Après avoir examiné l'affaire, le tribunal administratif n'a pas pu décider s'il pouvait appliquer le droit communautaire relatif à l'interdiction des abus. Avec ce doute sur le droit applicable, le tribunal administratif a soumis une demande de décision préjudicielle à la CJCE.
Après avoir déterminé toutes les informations pertinentes et fourni une analyse du cadre réglementaire européen et croate applicable, la CJCE a rendu sa décision.
Impact des décisions de la CJCE sur le cadre de la TVA
L'impact de la décision de la CJCE peut être examiné du point de vue des gouvernements nationaux chargés de l'adoption, de la mise en œuvre et de l'application des lois fiscales et des lois relatives à la TVA, ainsi que des assujettis soumis à ces lois.
D'une part, les tribunaux nationaux, qui sont ceux qui posent les questions préjudicielles, peuvent utiliser la décision précédente de la CJCE pour régler les litiges et résoudre les ambiguïtés et les incohérences entre les législations européennes et nationales en matière de TVA. Toutefois, s'il n'y a pas d'affaires similaires, elles peuvent toujours soumettre une requête et demander à la CJCE de statuer sur des questions pertinentes liées à la TVA qui pourraient approfondir l'application des lois européennes et nationales. En tout état de cause, tous les tribunaux nationaux doivent être guidés par le principe de la suprématie du droit de l'UE sur les lois nationales.
Du point de vue des assujettis, ils peuvent utiliser l'arrêt de la CJCE pour éviter les incertitudes potentielles et garantir le respect des réglementations en matière de TVA. La décision de la CJCE concernant un pays de l'UE s'applique à tous les pays de l'UE, ce qui peut aider les entreprises à mieux gérer leurs décisions en matière de TVA.
Défis liés à la mise en œuvre des décisions de la CJCE au niveau national
La mise en œuvre des décisions de la CJCE au niveau national n'est pas sans poser de problèmes. Les décisions qui établissent que les lois nationales sont contraires à la législation de l'UE obligent généralement les pays de l'UE à modifier ces règles ou pratiques.
Étant donné que le processus d'élaboration et de modification des lois dépend de plusieurs facteurs, les gouvernements nationaux doivent parfois y consacrer du temps et des efforts. En outre, certains pays peuvent être réticents à mettre en œuvre l'arrêt de la CJCE s'il entre en conflit avec les intérêts nationaux et les politiques visant à protéger des industries ou des structures économiques spécifiques.
Conclusion
Les décisions de la CJCE sont essentielles pour façonner le paysage de la TVA dans l'UE et apportent la clarification et la certitude nécessaires à la mise en œuvre des règles de TVA pertinentes. Bien qu'elles soient obligatoires pour les tribunaux nationaux et les gouvernements de l'UE, les assujettis devraient également se tenir au courant des dernières décisions, car elles peuvent les aider à rester ou à se mettre en conformité.
Source: Curia - L'institution Curia - L'institution, Curia - Cour de justice, Curia - Cour générale, Statut de la Cour de justice de l'Union européenne, Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, Parlement européen - Compétences de la Cour de justice de l'Union européenne, Directive européenne sur la TVA, VATabout - Affaire CJCE - Décision sur l'abus de droit en matière d'exonération de la TVA en Croatie (C-171/23)

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