Exigences de l'UE en matière de déclaration numérique : Guide essentiel pour les contribuables non-résidents

Le paysage fiscal de l'UE a considérablement évolué au fil des ans. Avec l'émergence de nouvelles technologies et de nouveaux modèles d'entreprise et l'augmentation des ventes de biens et de services en ligne et à distance, les autorités fiscales ont été confrontées à des difficultés pour suivre et contrôler les transactions soumises à la TVA et pour s'assurer que les recettes provenant de ces transactions ne sont pas perdues.
La réponse réside dans la numérisation des exigences en matière de déclaration et dans la numérisation globale des processus fiscaux, y compris la TVA. Cet article se penche sur l'évolution, les cadres actuels et les futurs développements en matière d'obligations de déclaration numérique (DRR), en se concentrant sur les contribuables non-résidents opérant au sein de l'UE.
Du papier au numérique : Historique des obligations déclaratives dans l'UE
Les obligations déclaratives de l'UE dépendent encore du papier, ce qui signifie que les systèmes papier mis en place au fil des ans sont toujours en vigueur. Plusieurs pays de l'UE ont mis en place des modèles dits hybrides qui permettent aux assujettis de déclarer la TVA sur papier ou sous forme électronique.
Les premières exigences en matière de déclaration remontent aux années 1980, lorsque l'Italie a introduit une loi fiscale obligeant les assujettis à utiliser des caisses enregistreuses pour enregistrer leurs transactions. La Grèce a été le deuxième pays européen à mettre en œuvre cette solution pour lutter contre la fraude et l'évasion et pour augmenter les recettes de la TVA. Dans les années qui ont suivi, de plus en plus de pays ont intégré dans leur législation nationale des règles de déclaration similaires, aujourd'hui connues sous le nom de "ficalisation".
En vertu des règles issues de la législation fiscale, les assujettis doivent délivrer au consommateur une facture qui comprend, entre autres, des données relatives à la TVA, et conserver toutes les données pertinentes pendant une période déterminée. En outre, les factures et les données doivent être communiquées aux autorités fiscales.
Le principal secteur ou industrie visé était le commerce de détail. Cependant, les autorités fiscales ont dû adapter les exigences de déclaration à de nouvelles circonstances dues aux changements dans les opérations commerciales de détail, aux nouvelles méthodes de paiement et à l'essor des biens et services numériques.
Des pays comme la Croatie, la Slovénie et la République tchèque ont mis en place un système de déclaration en temps réel pour les transactions soumises à la législation fiscale.
En réponse aux problèmes croissants, notamment en ce qui concerne l'écart de TVA ou la TVA non déclarée qui a entraîné une perte de recettes pour les pays de l'UE, le gouvernement national a mis en place des exigences de déclaration plus modernes, efficaces et numérisées pour contrôler le respect des obligations fiscales.
Étant donné que les transactions transfrontalières sont en augmentation et que de plus en plus d'entreprises non-résidentes fournissent des biens et des services à des consommateurs dans d'autres pays, les exigences de déclaration numérique qui sont obligatoires pour les contribuables locaux ou résidents sont progressivement devenues obligatoires pour ceux qui sont basés dans d'autres pays.
Cadre actuel de la RDT pour les contribuables non-résidents
Le cadre actuel de la RDT dans l'UE se compose de plusieurs mécanismes de déclaration différents, adaptés aux besoins nationaux des autres pays. Le fichier d'audit fiscal standard (SAF-T) et la facturation électronique sont les plus courants. Cependant, il est essentiel de souligner que tous les pays de l'UE n'ont pas mis en œuvre tous les mécanismes de déclaration et que, dans certains cas, tous les contribuables ou toutes les transactions ne sont pas couverts par les exigences de déclaration numérique mises en œuvre.
Nous devons donc décomposer ces exigences de déclaration numérique et indiquer dans quels pays elles sont mises en œuvre et rendues obligatoires pour les contribuables étrangers.
Fichier d'audit fiscal standard (SAF-T)
L'OCDE a mis au point le fichier d'audit fiscal standard (SAF-T) afin de normaliser le format de déclaration des données fiscales et comptables provenant de l'ERP, y compris les déclarations de TVA. Le format SAF-T, tel que XML ou XBLR, est numérique et conçu pour un traitement efficace et rapide par les autorités fiscales.
La France, le Portugal, la Lituanie, le Luxembourg et la Pologne font partie des pays de l'UE qui ont mis en place un système de déclaration SAF-T obligatoire pour les contribuables locaux et non-résidents.
La France a mis en place le SAF-T, ou Fichier d'écritures comptables (FEC), en 2014, obligeant tous les contribuables utilisant des systèmes comptables informatisés à soumettre des documents numériques lorsqu'ils sont sollicités pour un contrôle fiscal.
Le système lituanien I.MAS inclut le SAF-T pour le dépôt électronique des rapports mensuels, y compris toutes les transactions, telles que B2B, B2G, et B2C, ainsi que les transactions nationales, intra-UE, et extra-UE. Toutes les données mentionnées doivent être soumises à l'inspection fiscale de l'État lors du contrôle fiscal. Toutefois, les contribuables non-résidents enregistrés à la TVA en Lituanie uniquement en raison d'acquisitions intra-UE et qui n'ont exercé aucune autre activité économique ne sont pas soumis à cette exigence.
Au Portugal, les entreprises non-résidentes sont soumises aux mêmes exigences SAF-T que les entreprises locales, mais sont exemptées de l'obligation de soumettre la comptabilité SAF-T.
Facturation électronique
La facturation électronique représente une autre pierre angulaire de la RRC dans le cadre de l'évolution de l'UE des factures papier vers des formulaires numériques. L'Autriche, la Roumanie, la Lituanie et le Danemark font partie des pays de l'UE qui ont mis en œuvre la facturation électronique obligatoire pour les contribuables non-résidents. Toutefois, il existe des différences notables entre les exigences de ces pays.
En Autriche, les assujettis non-résidents qui concluent un accord contractuel avec des agences fédérales doivent suivre les règles de facturation électronique B2G, c'est-à-dire émettre et recevoir des factures électroniques B2G dans la limite de leurs capacités techniques.
Les assujettis non-résidents immatriculés à la TVA doivent envoyer à la Roumanie toutes les factures relatives à des opérations B2G ou B2B au système RO e-Factura dans un délai de cinq jours civils à compter de la date de la facture.
En Lituanie et au Danemark, les mêmes règles de facturation électronique B2G pour les entreprises résidentes s'appliquent aux contribuables non-résidents.
Types de RDR spécifiques à chaque pays
Outre les règles relatives à la SAF-T et à la facturation électronique, qui sont appliquées dans toute l'UE avec quelques modifications, certains types de DRR ne sont définis que dans certains pays de l'UE. Par exemple, la Hongrie a mis en place un système obligatoire de déclaration en temps réel pour presque toutes les transactions, telles que les ventes transfrontalières et B2C, applicable aux contribuables résidents et non-résidents.
La Bulgarie a introduit le registre des achats et des ventes (SPL) comme information obligatoire accompagnant les déclarations de TVA, y compris les informations sur les factures émises par le fournisseur ou en son nom.
La République tchèque est un autre pays de l'UE qui a rendu obligatoire la présentation de documents d'accompagnement avec les déclarations de TVA. Toutefois, en République tchèque, ce DRR s'appelle le relevé de contrôle de la TVA, qui résume les lignes les plus importantes des déclarations de TVA.
La législation espagnole a introduit le Suministro Inmediato de Información (SII) comme système de déclaration de TVA obligatoire pour les contribuables résidents et non-résidents enregistrés à la TVA en Espagne si leur chiffre d'affaires annuel est supérieur à 6 millions d'euros.
Tendances émergentes et développements futurs
La mise en œuvre de règles de facturation électronique est une tendance émergente dans les pays de l'UE. Cette année et les années suivantes, la France et la Slovénie devraient mettre en place des systèmes de facturation électronique obligatoires, tandis que la Roumanie étendra son système de facturation électronique aux transactions B2C.
Cependant, lorsque l'on parle de RRC dans l'UE, il faut tenir compte de la législation européenne sur la TVA à l'ère numérique (ViDA), qui prévoit que la facturation électronique sera obligatoire pour les transactions intracommunautaires à partir de juillet 2030. Tous les pays de l'UE utiliseront un système uniforme de déclaration et de suivi pour toutes les données relatives à la TVA.
La tendance à inclure de nouveaux secteurs, tels que les plateformes numériques et l'économie parallèle, reflète l'engagement de l'UE à adapter son cadre fiscal aux modèles d'entreprise modernes.
Conclusion
Les exigences en matière de déclaration numérique constituent un aspect essentiel de la stratégie de l'UE visant à moderniser l'administration fiscale et à lutter contre la non-conformité. Elles réduisent ainsi les possibilités d'évasion et de fraude à la TVA. En outre, grâce à des systèmes de contrôle et de suivi de la TVA plus modernes et numérisés, tous les pays de l'UE devraient augmenter les recettes générées par la TVA.
D'un autre côté, cela peut représenter une obligation et une responsabilité supplémentaires pour les contribuables non-résidents. Avec les règles actuelles en place et les nouvelles en vue, tous les assujettis, y compris les non-résidents, doivent privilégier l'adaptabilité et la transparence pour prospérer dans un environnement fiscal de plus en plus numérisé.
Source: Quaderno, Commission européenne - La TVA à l'ère numérique, VATabout - Country Guide - La TVA en France, VATabout - La TVA au Luxembourg : Taux, enregistrement et déclaration expliqués, VATabout - Guide pays - La TVA au Portugal, VATabout - Guide complet de la TVA en Autriche : Taux, enregistrement et conformité, VATabout - Guide complet de la TVA en Hongrie : Les taux, l'enregistrement et la déclaration expliqués

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