Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) - Décision sur la classification des bons en matière de TVA

En 2019, l'entreprise allemande M-GbR a vendu des cartes-cadeaux du PlayStation Store de Sony (cartes PSN), qui ne pouvaient être échangées que par des comptes enregistrés en Allemagne. M-GbR a considéré ces cartes-cadeaux comme des bons à usages multiples (MPV), non soumis à la TVA, en faisant valoir que la résidence du consommateur final était incertaine au moment de l'achat. Cependant, de nombreux clients non allemands ont acheté ces bons en fournissant de fausses informations sur leur lieu de résidence.
Après un contrôle minutieux, les autorités fiscales allemandes ont classé les cartes-cadeaux dans la catégorie des bons à usage unique, le lieu de livraison étant l'Allemagne, en raison de leur utilisation exclusive par des résidents allemands. Les autorités ont maintenu que les clients qui se soustrayaient aux conditions d'utilisation en fournissant des données trompeuses ne modifiaient pas la classification des bons.
La Cour fiscale fédérale allemande (BFH) a soulevé des questions complexes sur la manière dont les chaînes de distribution de bons d'achat influent sur le traitement de la TVA et a renvoyé l'affaire devant la CJCE.
Analyse de l'affaire et décision
Dans l'affaire C-68/23, la CJCE a déclaré qu'un bon d'achat peut être considéré comme une entité ad hoc même s'il fait l'objet de transferts successifs entre des intermédiaires dans différents pays avant d'atteindre le client final. La classification dépend de deux conditions connues au moment de l'émission : le lieu de livraison des biens ou de prestation des services et la TVA due sur ces biens ou services.
La CJCE a précisé que pour qu'un bon soit considéré comme une entité ad hoc, ces conditions doivent être claires au moment du remboursement. Il doit être évident que la TVA s'applique au moment où les biens ou les services sont fournis au détenteur du bon, le lieu de livraison lors des transferts intermédiaires n'étant pas pertinent. S'il s'agit d'un SPV, les ventes entre intermédiaires sont soumises à la TVA.
Dans le cas de M-GbR, la décision de la CJCE était claire : le lieu de prestation des services électroniques liés aux bons devait être connu au moment de l'émission. Bien que des clients d'autres pays utilisent les cartes pour bénéficier d'avantages tarifaires, la CJCE a déterminé que le lieu de fourniture du contenu numérique était l'Allemagne. La CJCE a fortement insisté sur le fait que les pratiques abusives ne devraient pas influencer, et n'influenceront pas, la classification de la TVA.
Conclusion
La décision de la CJCE précise que le traitement TVA des bons d'achat reste inchangé même s'ils sont utilisés dans des pays autres que ceux prévus par des pratiques trompeuses. En outre, elle confirme qu'un bon d'achat peut toujours être considéré comme un SPV, même s'il fait l'objet de multiples transferts entre intermédiaires dans différents pays avant d'atteindre le client final.
Source : arrêt de la CJCE : Arrêt de la CJCE - Affaire-68/23;Grant Thorton

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